European Agriculture: for social and environmental progress

European Agriculture: for social and environmental progress

Statement by the Party of the European Left

From the streets of Brussels to the highways of France, tractors are pouring in from all sides. Demonstrations by farmers not only in France, but also in the Netherlands, Germany and many other European countries, are exacerbating the need for an in-depth transformation of our agriculture. These angry producers, forced to temporarily abandon their farms, are determined to change the order of things. They must be listened to and respected.

However, this opportunity must not be squandered by populist sirens working to take the movement. Under corporatist interests, some professional agricultural organisations – supported by ultraconservative and reactionary parties – work only for the lowest environmental standards. The Green Pact and the European Union are used as scapegoats. Inflation of standards is blamed for all our ills. The environmental measures of the Common Agricultural Policy – like the conditionality of subsidies – are seen as obstacles to free enterprise, etc.

Progressive forces cannot remain insensitive to these demands. They are the result of environmental policies that fail to take human issues into account. Since the 1990s, the greening of agricultural policies has taken place at the expense of market regulation measures, such as the dismantling of guaranteed prices in favour of direct aid payments. European farmers have been entrusted with new duties, while at the same time suffering the full force of liberalisation and competition measures. How can we ask European farmers to step up their efforts to protect the environment when the European Union is signing more and more free-trade agreements? What about the agreement signed with New Zealand providing for additional quotas for dairy products, beef (+ 10000 tonnes) and sheep (+38000 tonnes)? What about the draft agreement with the Mercosur countries? As you can see, the European Union is prepared to sacrifice whole swathes of its food sovereignty to enable construction and service sector companies to win new market shares. And all this at the cost of serious environmental consequences, not least the emissions linked to the flow of goods. What’s more, with a view to halving carbon emissions by 2030, abandoning part of Europe’s agricultural production can be seen as a way of relocating greenhouse gas emissions to other parts of the world. This hypocrisy is considerable.

Contrary to the simplistic solutions proposed by some, the defence of European agriculture will not be achieved through the lowest environmental standards, and even less through the renationalisation of the Common Agricultural Policy, which will only increase competition between European producers. The progressive European parties that are members of the PGE defend an ecology that works with workers, not against them. In order to reduce agriculture’s contribution to climate change and its effects on biodiversity, we need to initiate a far-reaching agro-ecological transformation, based on complementarities between animal and plant species, the closing of nutrient and water cycles, and an increase in specific and varietal diversity. However, these ambitions require producers to secure their income and investments, provide public safety nets and finance market regulation measures. Agroecology is a long-term approach, which means we need to move away from price volatility and the commercial and regulatory uncertainties that come with weather and health hazards.

In addition to giving farmers visibility, it is essential to finance support and experimentation schemes. Public agronomic research and agricultural education must be the focus of increased cooperation between European countries. Additional resources must be allocated to collectives that bring farmers together in networks to discuss their practices, compare results and experiment together. Multi-year plans for phasing out the use of plant protection products and synthetic fertilizers must be implemented on a farm-by-farm basis, incorporating monitoring and diagnostic measures.

Let’s dare to call into question an agricultural model that has led farmers into a dead end. The convergence of anger can be a historic opportunity to reverse decades of liberalisation and standardisation, which are only there to satisfy the interests of the largest farms and guarantee the profits of agri-supply, agri-food and supermarket companies. The Party of the European Left fully supports farmers, but not just any kind of agriculture. The agro-ecological transformation of European farms, combined with the reconquest of our food sovereignty, must be at the heart of the matter. Let’s not give in to the siren calls of populism and inward-looking attitudes which, in addition to fracturing society, will cost us precious years of our lives. Let’s act now, and this will mean turning around the political balance of power in the European Parliament next June.

Vincent Boulet, Vice-president of the Party of the European Left

Au populisme, préférons le progrès social et environnemental pour l’agriculture européenne

Communiqué du Parti de la Gauche européenne

Des rues de Bruxelles aux autoroutes françaises, les tracteurs affluent de toutes parts. Les manifestations d’agriculteurs français, mais aussi néerlandais, allemands et de bien d’autres pays européens exacerbent la nécessité de transformer en profondeur notre agriculture. Ces producteurs en colère, contraints d’abandonner momentanément leur exploitation agricole, sont déterminés à faire changer l’ordre des choses. Ils doivent être écoutés et respectés.

Toutefois, cette occasion ne doit pas être gâchée par les sirènes du populisme qui œuvrent à la récupération du mouvement. Sous fond d’intérêts corporatistes, une partie des organisations professionnelles agricoles – soutenue par des partis ultraconservateurs et réactionnaires – ne jure que par le moins-disant environnemental. Le Pacte Vert et l’Union Européenne font office de bouc-émissaires. L’inflation normative serait responsable de tous les maux. Les mesures environnementales de la Politique agricole commune – à l’image de la conditionnalité des soutiens – sont vues comme des entraves à la libre-entreprise, etc.

Les forces progressistes ne peuvent demeurer insensibles à ces revendications. Elles résultent de politiques environnementales qui n’intègrent pas les enjeux humains. Depuis les années 1990, ce verdissement des politiques agricoles s’opère en effet au détriment des mesures de régulation de marché à l’image du détricotage des prix garantis au profit du versement d’aides directes. Les agriculteurs européens se voient confier des devoirs nouveaux et, en même temps, subissent de plein fouet des mesures de libéralisation et de mise en concurrence. Comment demander aux agriculteurs européens de multiplier les efforts en faveur de la protection de l’environnement quand l’Union européenne multiplie les signatures de traités de libre-échange ? Que dire de l’accord signé avec la Nouvelle-Zélande prévoyant des contingents supplémentaires de produits laitiers, de viande bovine (+10 000 tonnes) et ovine (+38 000 tonnes) ? Que penser du projet d’accord avec les pays du Mercosur ? On le voit, l’Union européenne est prête à sacrifier des pans entiers de sa souveraineté alimentaire pour permettre aux entreprises du bâtiment et du secteur tertiaire de gagner de nouvelles parts de marché. Et cela au prix de lourdes conséquences environnementales, ne serait-ce que les émissions liées aux flux de marchandises. De plus, dans une perspective de division par deux des émissions de carbone d’ici 2030, l’abandon d’une partie de la production agricole européenne peut être vue comme un moyen de délocaliser les émissions de gaz à effet de serre dans d’autres régions du monde. L’hypocrise est de taille.

Contrairement à ce que proposent les tenants de solutions simplistes, la défense de l’agriculture européenne ne passera pas par le moins-disant environnemental, et encore moins par une renationalisation de la Politique agricole commune qui ne feront qu’accroître la concurrence entre producteurs européens. Les partis progressistes européens membres du PGE défendent une écologie qui se fera avec les travailleurs et non contre eux. En vue de réduire la contribution de l’agriculture au dérèglement climatique tout comme ses effets sur la biodiversité, il faut initier dès à présent une transformation agroécologique d’ampleur, basée sur les complémentarités entres espèces animales et végétales, le bouclage des cycles des nutriments et de l’eau ou encore l’augmentation de la diversité spécifique et variétale. Toutefois, ces ambitions demandent de sécuriser le revenu et les investissements du producteur, de lui offrir des filets de sécurité publics, de financer des mesures de régulation de marché. L’agroécologie se conçoit sur le temps long, d’où la nécessité de sortir de la volatilité des prix et des incertitudes commerciales et réglementaires qui viennent s’ajouter aux aléas météorologiques et sanitaires.

En plus de donner de la visibilité aux agriculteurs, il est indispensable de financer des dispositifs d’accompagnement et d’expérimentation. La recherche agronomique et l’enseignement agricole publics doivent faire l’objet de coopérations accrues entre pays européens. Des moyens supplémentaires doivent être alloués aux collectifs qui mettent les agriculteurs en réseau pour discuter de leurs pratiques, comparer leurs résultats et expérimenter en commun. Des plans pluriannuels de sortie progressive des produits phytosanitaires et des engrais de synthèse doivent être réalisés exploitation par exploitation, en intégrant des mesures de suivi et de diagnostic.

Osons la remise en cause profonde d’un modèle agricole qui a placé les agriculteurs dans une impasse. La convergence des colères peut être une occasion historique de renverser des décennies de libéralisation et de normalisation qui ne sont là que pour satisfaire les intérêts des plus grandes exploitations et garantir les profits des entreprises de l’agrofourniture, de l’agroalimentaire et de la grande distribution. Si le Parti de la Gauche européenne soutient pleinement les agriculteurs, il ne soutient pas n’importe quelle agriculture. La transformation agroécologique des exploitations européennes associée à la reconquête de notre souveraineté alimentaire doivent être au centre des enjeux. Ne cédons pas aux sirènes du populisme et du repli sur soi qui, en plus de fracturer la société, nous ferons perdre de précieuses années. Agissons dès à présent, et cela passera par un nécessaire renversement du rapport de force politique au Parlement européen à l’occasion des élections de juin prochain.

Vincent Boulet, vice-président du Parti de la Gauche Européenne